Oui, l'érosion est un phénomène complexe, qui fait appel à des dynamiques différentes (type de sol, développements racinaires, dynamique des fluides (eaux, boues...), etc.
Cela dit, l'argument de l'érosion ne tient pas, du moins très rarement. En effet, à partir du moment où les « forêts » vosgiennes sont exploitées, il s'ensuit une réduction drastique de la biodiversité (on parle de forêts d'épicéas, de forêts de hêtres, etc.) et par conséquent des gros défauts de couverture végétale près du sol. Il suffit de regarder, lorsqu'on pédale par exemple à l'orée d'une parcelle ou sur certains points où la tempête de 1999 a emporté les grands arbres : les chemins, y compris les sentiers bénéficient d'une couverture et il faudrait vraiment passer avec un troupeau de Percherons pour abîmer durablement.
Les travaux de débardages abîment, c'est certain, mais il est impossible de faire autrement la plupart du temps : en saison humide les sols sont tellement peu protégés, que la boue se forme dès le premier passage d'un tracteur. Ensuite cela devient le bourbier qu'on connaît tous, celui où on se plante sur 2 km parce qu'on avait prévu de passer là et qu'on espère que « ça va se calmer après le prochain virage »
Bref, tout cela pour dire que si l'argument de l'érosion ne tient pas à propos des VTT (ou même des piétons) c'est surtout parce que la forêt vosgienne est dans la plupart des cas, une sorte de plantation monoculturelle, complètement artificielle, avec une gestion calamiteuse. Accuser les vététistes de favoriser l'érosion reviendrait à se demander pour quelles raisons les sols ne tiennent pas. Et là, on pourrait rire (jaune) 5 minutes.
Ensuite il faudrait comparer les chemins entre eux. Les anciens, lorsqu'ils traçaient des chemins, c'était surtout pour des besoins de déplacement rapide et fiables. Donc par exemple peu de chemin avec des gros dévers, peu de sentiers « panoramiques », pas de cabanes pour y venir en famille avec le beaujolais et les grillades (regardez autour de ces points « familiaux » l'état des végétaux, ça fait peur). Il faut regarder l'historique en comparant les anciens chemins avant fin XIXe et ceux du XXe siècle.C'est le club vosgien et les promeneurs qui ont tracé tellement de sentiers dans ce genre et qui ont forcément favorisé l'érosion. Il faut donc entretenir les chemins, ce qui est normal. Mais on ne peut pas accuser les VTT d'éroder outre mesure. Et je ne compte pas les « chemins forestiers » qui sillonnent entre les parcelles, de véritables autoroutes à grumiers : « dans l'temps » ils étaient entretenus avec du gros gravier et même des pavés pour les maintenir tout en favorisant l'écoulement dans des fossés, les chemins récents que j'ai vu ces deux dernières années sont vraiment à chier
Reste ensuite le « problème » des quelques traces de DH en plein milieu de zones qui s'érodent et en dehors des sentiers tracés. Il y en a deux sortes : des traces « sauvages » faites en mode rock'n roll et assez peu empruntées donc presque jamais entretenues, et puis celle où les habitués font un effort de maintenance. Là je dirais qu'en plus de la simple maintenance qui garanti le fun et le plaisir, il faudrait parfois penser à ramener du matos un peu sérieux pour penser à l'érosion, justement (du genre creuser des dérivations pour éviter que l'eau ne prenne la piste, ou bien avant l'hiver protéger la piste avec des branches, etc.). Mais de manière générale, ces pistes sont un phénomène très marginal avec un impact global bien négligeable par rapport à l'état global de nos forêts.